La faillite de la Silicon Valley Bank
La SVB (Silicon Valley Bank ) est une banque spécialisée dans le financement des startups. Fin 2022, elle comptait 209 milliards de dollars d’actifs et environ 175,4 milliards de dépôts. La chute de la SVB a réveillé le spectre d’une nouvelle crise financière.
Historique des dernières années
En France comme dans le reste de la zone euro l’inflation grimpe en 2023. Pour la cinquième fois en moins d’un an, la Banque centrale européenne (BCE) a relevé ses taux directeurs afin de contrôler la demande et stabiliser les prix.
Nous constatons également que l’évolution du taux d'usure n’a pas suivi l’augmentation des taux d’intérêt. Certains acheteurs se retrouveront bloqués par le taux d’usure et d’autres se verront payer des intérêts plus élevés ce qui conduit à une baisse de leur pouvoir d’achat.
Étant donnés des prix déjà élevé et la forte augmentation des taux, les logements sont moyennement voir même difficilement abordables pour beaucoup d’acheteurs ce qui potentiellement entraine une baisse de la demande et donc une pression à la baisse sur les prix.
Concernant le marché du bien neuf, il se voit à l’arrêt, dû principalement à l’augmentation des couts de construction. En effet, La hausse des coûts ont un impact direct sur les prix de l’immobilier neuf déjà plus élevé de 20-30% par rapport à l’ancien. A cette flambée des prix vient se rajouter L’instabilité créée par la guerre en Ukraine sur le coût des matières premières, les nouvelles normes thermiques et la raréfaction du foncier.
Nous entrons donc dans une nouvelle ère immobilière. Nous ne pouvons pas dire qu’il y ait de bonne réponse quant à l’objectif d’achat de sa résidence principale. Cela dépend fortement de votre profil et de vos objectifs. Toutes les familles ne sont pas en mesure de devenir propriétaires, et si l'achat d'un bien implique d'investir toutes ses économies sans pouvoir sécuriser et préparer son avenir, il est préférable de louer plus longtemps afin de se constituer un apport plus solide et attendre que le marché immobilier se normalise.
Si vous avez besoin de plus d’informations et d’accompagnement KAYS WM se tient à votre disposition. Nos experts vous apportent les meilleures stratégies adaptées à votre cible et à vos attentes.
Quel impact cette hausse a alors eu sur le bilan de la Silicon Valley Bank ?
La Silicon Valley Bank détenait à son bilan 112 milliards de dollars de titres sur ses 212 milliards d’actifs. La hausse des taux a alors eu pour effet de réduire la valeur des obligations détenue par la banque d’environ 15 milliards de dollars. En effet, la Silicon Valley Bank avait investi 91 milliards dans des obligations « held to Maturity » (HTM) à duration moyenne de 5.7 années et 21 milliards sur des obligations « Available for sale » à terme plus court. Fin 2022, le portefeuille d’obligation HTM valorisé à 91 milliards ne valait plus que 76 milliards de dollars. Cette perte brutale aurait pu déjà être fatale à la banque dans la mesure où le montant de ses fonds propres s’élevant à 16 milliards, comptabiliser une perte de 15 milliards aurait déjà entraîner une panique pour la banque.
Cependant, la Silicon Valley Bank va camoufler cette perte puisqu’au Etats-Unis, les règles comptables permettent de comptabiliser les titres détenus jusqu’à leur échéance à leurs valeurs d’acquisition dans la mesure où les titres sont catégorisés comme « held to maturity ». Le bilan de la SVB n’a alors pas été impacté et permettra de ne pas affoler le marché. Toutefois un autre problème en parallèle apparaît suite à cette hausse des taux, les entreprises accédant de plus en plus difficilement à des financements se sont vues dans l’obligation d’utiliser leur fond déposé au seins des banques.
Comme souvent sur les marchés financiers, tout est une question de confiance. Dès lors que la SVB a montré des signes de fragilité, de plus en plus de clients ont pris peur et ont voulu récupérer leur argent mais celle-ci n’a pas eu assez d’argent disponible pour rendre aux clients leur dépôt. C'est là que le "bank run" a débuté, ce qui est le pire scénario pour une banque. Sur la seule journée, SVB a reçu quelque 42milliards de dollars d'ordres de retrait. En bourse, la banque a perdu plus de60 %.
La Silicon Valley Bank a donc été contraint en ce début 2023 de libérer une partie de ses liquidités pour répondre au retrait des dépôts or pour cela la Silicon Valley Bank a choisi de vendre une partie de ses bons du trésor Américain AFS ce qui lui est revenu à enregistrer une perte de 1.8 milliards de dollars. Elle souhaitait ensuite réaliser une augmentation de capital à hauteur de 2.25 milliards de dollars pour combler sa perte. Cependant, cette stratégie mis en place par la banque n’a pas été un succès puisque des lors que la perte a été enregistrée dû aux moins-values des titres obligataires, les investisseurs sont devenus très pessimistes notamment à cause d’un environnement bancaire très incertain provoqué par la hausse des taux. La banque n’est alors pas parvenue a attiré de nouveaux investisseurs pour réaliser cette augmentation de capital et combler sa perte et a même vu sa situation se dégrader très rapidement. Motivées par la faillite de la Silvergate Bank, les traders ont dû liquider leurs positions par peur de la faillite. La Banque se voyant donc dans l’incapacité d’honorer le retrait des dépôts de ses clients à cause d’un bilan déséquilibré a décidé de bloquer une partie des dépôts. Le 10 mars, la Silicon Valley Bank déclare sa faillite, la Fed et le FDIC (le Fonds américain de garantie des dépôts) réagiront rapidement en garantissant l’intégralité des dépôts de la banque afin de limiter cette panique bancaire.
Comment dans un milieu si règlementé un tel évènement ne peut être anticiper par les institutions financières ?
Cette perte est considérée comme l'une des faillites les plus importantes depuis la chute de Lehman Brothers lors de la crise des subprimes en 2008, le mouvement de panique a débuté après que SVB a annoncé qu’elle cherchait à lever rapidement du capital pour faire face aux retraits massifs de ses clients, l'annonce a surpris les investisseurs et a ravivé les craintes sur la solidité de l'ensemble du secteur bancaire, notamment avec la rapide montée des taux d'intérêt qui fait grimper le coût du crédit. La hausse des taux d’intérêt a ébranlé certaines banques des États-Unis plus que d’autres, parce qu’elles prêtent à long terme et empruntent à court terme. Les quatre plus grandes banques américaines ont encaissé une perte de 52 milliards de dollars en Bourse. A Paris, la Société générale a perdu 4,49%, BNP Paribas 3,82% et le Crédit agricole 2,48%.
La première raison est que la Silicon Valley Bank possède un bilan inférieur à 250 milliards, et est donc considérée comme une banque de catégorie IV, elle n’est donc pas assujettie à des ratios de liquidité type LCR ou NFSR qui permet d’imposer aux banques une certaine quantité d’actif liquide afin d’assurer une poursuite d’activité stable sur au moins un an même dans un scénario sous tensions. C’est cette catégorisation qui a permis à la Silicon Valley Bank de ne pas comptabiliser ces moins-values. À titre comparatif, en Europe, toutes les banques doivent comptabiliser les moins-values dans leurs ratios de fond propre. Une deuxième raison est le rôle de Goldman Sachs qui donnaient un avis positif sur la Silicon Valley Bank la semaine précédant la faillite. De plus, Goldman Sachs qui s’est occupé du rachat des titres vendu par la SVB a aujourd’hui profité de plus-value sur ces titres. Une interrogation est alors légitime sur son rôle dans cette histoire. Enfin, la Silicon Valley Bank est particulière dans la mesure où elle est spécialisée dans un secteur et cela la rend plus exposée et moins diversifié.
Cette faillite ne constitue pas un risque de contagion (risque systémique) à l’économie réel puisque la Silicon Valley Bank n’est pas étroitement liée aux autres institutions bancaires. Toutefois, cet événement amène une grosse inquiétude sur le système bancaire déjà sous tensions dans un contexte de politique restrictive.